Les récentes annonces dans le domaine du numérique, faites par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale sur l’état de la nation, tracent une vision ambitieuse et cohérente pour le Luxembourg. En mettant les technologies de rupture – données, intelligence artificielle, quantique – au cœur du développement national, le gouvernement envoie un message clair : le Luxembourg veut compter parmi les places fortes de l’Europe numérique.
La FEDIL se félicite de cette ambition qui fait écho à nos recommandations pour consolider l’ancrage du Luxembourg dans le paysage numérique. Cela passe inévitablement par un renforcement conséquent des infrastructures numériques, une accélération de l’adoption de l’IA au sein des entreprises et du secteur public, un développement proactif des compétences pour anticiper les mutations du marché du travail, un accès structuré et sécurisé aux données et un soutien accru à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI), en particulier pour les jeunes pousses et les PME, véritables moteurs de l’innovation.
Les initiatives telles que l’AI Factory, le supercalculateur MeluXina-AI, le Deep Tech Lab et l’AI Academy constituent des leviers concrets qui bénéficieront directement à l’ensemble du tissu économique, des startups aux géants technologiques établis.
Pour concrétiser cette vision, encore faut-il que les conditions de déploiement soient réunies. Le développement des infrastructures numériques et de calcul intensif – tels que les centres de données ou les supercalculateurs – dépend directement de la disponibilité de terrains adaptés à des prix compétitifs. La planification territoriale doit intégrer ces besoins stratégiques, en cohérence avec les autres usages industriels et urbains. Sans une politique foncière proactive, le Luxembourg risque de voir des projets se développer ailleurs.
De plus, l’essor de l’intelligence artificielle – et en particulier des modèles d’IA générative – s’accompagne d’une forte intensité énergétique. Ces technologies nécessitent une alimentation continue, stable et à grande échelle. Il est donc indispensable de pouvoir compter sur une infrastructure énergétique robuste et évolutive, couplée à un approvisionnement en électricité bas carbone, compétitif et sécurisé. Le coût de l’énergie devient un facteur de localisation décisif pour les entreprises technologiques. C’est une condition essentielle pour que le Luxembourg reste une terre d’accueil attractive pour des projets numériques.
La FEDIL insiste aussi sur la nécessité d’une transposition pragmatique du AI Act et du Data Act. Ces deux textes européens sont des éléments clés de la base réglementaire de l’économie des données et de l’intelligence artificielle. Pour que cela ne se traduise pas par un surcroît de complexité ou une charge administrative excessive, nous appelons les autorités de régulation nationales compétentes à incarner une logique de guidance, de dialogue et de soutien, plutôt que de simple contrôle ou sanction. Cela implique la mise en place de points de contact clairs, de guichets uniques et de capacités d’explication et d’accompagnement pour éviter que la complexité réglementaire ne freine l’innovation.
Les mesures annoncées en faveur du financement de l’innovation – qu’il s’agisse du plan de soutien aux start-ups de 300 millions d’euros via la SNCI ou des aides accrues à la digitalisation des PME – représentent des leviers importants pour renforcer l’écosystème. Les entreprises tech ont un rôle essentiel à jouer dans la dynamique de modernisation de notre économie : elles créent des emplois qualifiés, portent l’innovation de rupture et sont souvent à l’origine de collaborations fructueuses avec la recherche publique. Le Deep Tech Lab annoncé par le gouvernement devra faciliter davantage ce type de passerelles et offrir aux jeunes entreprises un environnement propice à la co-innovation et aux projets de recherche collaborative.
Le Luxembourg possède des atouts indéniables pour s’imposer comme un acteur incontournable de l’économie numérique européenne : un cadre institutionnel stable, une tradition d’agilité politique, une forte ouverture internationale et un écosystème technologique en constante évolution. L’enjeu consiste désormais à transformer cette ambition en résultats concrets.
Cela passera par une mise en œuvre rapide et concertée des annonces faites par le Premier ministre ainsi que par le déploiement concret des trois stratégies nationales –
Intelligence Artificielle, Données et Technologies Quantiques – portées par les ministres en charge des Médias et de la Connectivité, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, de la Digitalisation, de l’Économie, des PME et de l’Énergie, et présentées le 19 mai dernier.
Pour que ces stratégies produisent pleinement leurs effets, une approche bien coordonnée entre ministères, administrations, acteurs de la recherche et entreprises sera indispensable. Il est également essentiel qu’elles s’accompagnent de mesures concrètes en matière de disponibilité de terrains adaptés et de coût de l’électricité :
deux facteurs clés qui conditionnent l’implantation d’infrastructures numériques et la compétitivité de l’économie de la donnée et de l’IA au Luxembourg.